Légiférer des lois contraires à l’islam -Cheikh Abdul Hay Youssef

Il reste à traiter la question suivante : que dire d’un gouvernant qui se proclame musulman, observe certains ou tous les rites religieux, mais impose à ses administrés des systèmes et des lois en matière de transactions commerciales, de sanctions pénales et d’affaires personnelles qui contredisent les prescriptions de la charia ? Ces lois rendent licite ce qu’Allah a interdit, interdisent ce qu’Allah a rendu licite, et deviennent la norme à laquelle les gens doivent se soumettre. Il interdit aux juges de s’écarter de ces lois ou de juger selon d’autres règles. Est-ce un acte de mécréance mineure ou majeure ?
 
Je dis, et Allah accorde le succès : il est établi dans la croyance de tout musulman que légiférer est une prérogative exclusive d’Allah, Seigneur des mondes. Ce qu’Il a rendu licite est licite, ce qu’Il a interdit est interdit, et la religion est basée sur ce qu’Il a prescrit. Ainsi, il n’est pas permis à quiconque croit en Allah et au Jour dernier de revendiquer ce droit pour lui-même ou pour quiconque en dehors d’Allah. S’il le fait, il tombe dans le polythéisme selon le jugement du Coran. Allah dit :
 
« Ont-ils des associés qui leur ont prescrit en religion ce qu’Allah n’a pas permis ? »
(Sourate 42, verset 21)
 
Allah dit également :
 
« Les diables inspirent leurs alliés pour qu’ils discutent avec vous. Si vous leur obéissez, vous êtes certes des associateurs. »
(Sourate 6, verset 121)
 
Et encore :
 
« Ils n’ont en dehors de Lui aucun allié, et Il n’associe personne dans Son jugement. »
(Sourate 18, verset 26)
 
Concernant la révélation de ce verset :
 
« Et ceux qui ne jugent pas d’après ce qu’Allah a fait descendre, ceux-là sont les mécréants »
(Sourate 5, verset 44),
 
les exégètes rapportent qu’il a été révélé au sujet des juifs qui ont dévié du jugement d’Allah concernant l’adultère, substituant la lapidation par la flagellation et la défiguration publique. Ils ont fait de cette loi un système auquel les gens se conformaient et faisaient appel, bien qu’ils n’aient pas considéré l’adultère comme licite. Malgré cela, Allah a jugé leur acte comme une mécréance et les a blâmés dans un autre verset :
 
« N’as-tu pas vu ceux qui ont reçu une part du Livre ? Ils sont appelés au Livre d’Allah pour qu’il juge entre eux, puis une partie d’entre eux s’en détourne, tout en refusant. »
(Sourate 3, verset 23)
 
Le Dr Abdul Rahman Al-Mahmoud, qu’Allah le préserve, explique :
 
« Revendiquer le droit de légiférer en dehors d’Allah, en édictant des lois générales et des systèmes contraires à la charia, implique deux choses :
1. Le rejet de la charia d’Allah, car s’ils ne la rejetaient pas, ils ne l’auraient pas remplacée par autre chose.
2. Une atteinte au droit exclusif d’Allah de juger et de légiférer, en revendiquant ce droit pour eux-mêmes. »
 
Il a également cité des paroles des savants anciens tels qu’Ibn Hazm, Al-Shatibi, Ibn Taymiyya, Ibn Al-Qayyim, Ibn Kathir, ainsi que des contemporains comme Abdul Latif Ibn Abdul Rahman, Hamad Ibn Atiq, Muhammad Ibn Ibrahim, Al-Amin Al-Shanqiti, Ahmad et Mahmoud Shakir, Rashid Rida et Al-Uthaymin, qu’Allah leur fasse miséricorde à tous.
 
Parmi ces citations, celle du Cheikh Abdul Razzaq Afifi, qu’Allah lui fasse miséricorde, est particulièrement pertinente :
 
« Celui qui se revendique de l’islam, qui connaît ses lois, puis établit pour les gens des règles et des systèmes qu’ils doivent appliquer et auxquels ils doivent se soumettre, tout en sachant que ces règles sont contraires aux lois de l’islam, est un mécréant sorti de la religion de l’islam. »
 
 
 
 
Cheikh Abdul Hay Youssef, Président du Département de la Culture Islamique à l’Université de Khartoum