Voici un extrait tiré d’un livre historique intitulé Les Morisques andalous, écrit par l’historienne espagnole Mercedes García-Arenal. Ce livre, traduit en arabe, relate la condition des musulmanes en Andalousie (actuelle Espagne) 70 ans après la fin de la domination musulmane. Voici ce que dit le texte traduit :
En 1567, une série de décrets fut proclamée à Grenade. Parmi les mesures les plus importantes figuraient :
1. L’interdiction du vêtement morisque (porté par les musulmans convertis au christianisme) pour les hommes et les femmes.
2. L’obligation pour les femmes de découvrir leur visage, car elles avaient l’habitude de le couvrir. Cette obligation s’appliquait notamment lors des mariages et des célébrations publiques.
3. L’interdiction de la danse traditionnelle appelée zamra et des soirées festives accompagnées d’instruments de musique.
4. L’obligation de garder les portes des maisons ouvertes.
5. L’interdiction pour les femmes d’utiliser le henné.
6. L’interdiction d’utiliser des noms et titres islamiques.
De plus, les Morisques n’étaient pas autorisés à posséder des esclaves parmi les combattants étrangers. Quant aux combattants libres, ils devaient quitter Grenade dans un délai de six mois.
L’auteur précise que ces mesures n’étaient pas seulement des moyens de répression, mais visaient à effacer l’existence des Morisques en tant que groupe culturellement distinct.
En 1567, il n’y avait plus de place pour des compromis. Un notable morisque envoya un mémoire à la Cour de Grenade, dont le texte est conservé à la Bibliothèque nationale de Madrid. Dans cette lettre, il tentait de décrire les spécificités culturelles morisques comme de simples coutumes locales, et non comme des pratiques religieuses. Il plaidait pour que le vêtement morisque soit accepté, à l’instar des costumes régionaux de Castille ou d’Aragon, et que la langue arabe soit autorisée, au même titre que la langue castillane. Cependant, la langue arabe était la seule à être expressément interdite.
Ce document indique que, 70 ans après la chute de Grenade, les femmes musulmanes continuaient de porter le hijab, malgré les interdictions et les pressions.
L’obligation de découvrir le visage était parfois justifiée par des raisons contraires à la morale islamique, comme le fait d’inciter les hommes à convoiter la beauté des femmes. Cette approche rappelle les méthodes modernes de certains réformateurs qui tentent de présenter des préceptes religieux comme de simples coutumes, ou comme des traditions spécifiques à un pays particulier, en dénaturant leur origine divine.
Cette attitude est comparable à celle des peuples que les prophètes ont confrontés, qui répondaient : « Nous avons trouvé nos ancêtres sur une religion, et nous suivons leurs traces » [Sourate Az-Zukhruf : 22-23]. Ce type de justification reflète un attachement aveugle aux traditions, sans prise en compte des véritables fondements de la foi et de l’unicité de Dieu.