Distinction entre l’avis basé sur une preuve claire et l’opinion personnelle
Il est essentiel de distinguer entre celui qui émet une fatwa (avis juridique) en se basant sur une preuve claire et explicite, et celui qui le fait selon son opinion personnelle. Celui qui se base uniquement sur son raisonnement, son appréciation subjective ou l’intellect, sans preuve solide, doit être empêché d’émettre des avis.
Cela inclut également ceux qui s’appuient sur des preuves faibles ou des ambiguïtés, tout en négligeant les preuves claires et explicites (muhkamat). Cette pratique est un type de fatwa fondée sur l’opinion personnelle et les passions, ce qui est interdit.
Exemple de la prudence des compagnons
Le calife ‘Umar ibn al-Khattab (qu’Allah l’agrée) empêchait les gens d’émettre des fatwas basées sur leurs opinions personnelles. Dans le Musnad de l’imam Ahmad, il est rapporté qu’il apprit que Zayd ibn Thabit donnait des avis dans la mosquée du Prophète (paix et bénédictions sur lui) selon son opinion. ‘Umar l’appela et lui dit :
« Il m’est parvenu que tu donnes des avis selon ton opinion, ô ennemi de toi-même ! »
Zayd répondit :
« Je n’émets pas d’avis selon mon opinion, mais en me basant sur ce que mes oncles m’ont rapporté du Prophète (paix et bénédictions sur lui). »
Suite à cela, ‘Umar cessa de le blâmer.
Responsabilité des savants et des dirigeants
Il incombe aux savants et aux gouvernants musulmans de :
1. Empêcher toute personne d’émettre des avis sans connaissance solide.
Cela inclut ceux qui se basent sur des opinions personnelles ou des interprétations aberrantes, contraires aux textes clairs.
2. Prendre des mesures face aux avis juridiques étranges ou déviants qui causent des confusions ou des troubles parmi les musulmans.
La responsabilité revient à celui qui émet ces fatwas, mais aussi à ceux qui ont pour mission de protéger la religion et de veiller à ce que les enseignements soient conformes aux textes révélés.
Éviter les exagérations et rester mesuré
Certaines questions juridiques peuvent sembler insignifiantes ou mineures. Cependant, il est crucial pour le savant ou le gouvernant de ne pas minimiser leur importance si elles contredisent les principes établis. Il doit également éviter de dépasser les limites fixées par les textes et de créer des controverses inutiles.
Conclusion
L’émission de fatwas nécessite une connaissance approfondie des textes religieux et une compréhension claire de leur application. Émettre un avis basé sur des opinions personnelles ou des interprétations douteuses constitue une grave erreur qui peut égarer les gens. La responsabilité incombe à la fois aux savants et aux dirigeants de surveiller et de corriger ces dérives, en veillant à préserver l’intégrité de la religion et la confiance des croyants.