Différence entre le colonialisme culturel et l’invasion idéologique - Abd el Aziz tarifi

Question :
Nous souhaitons une définition du terme colonialisme culturel. Est-ce la même chose que l’invasion idéologique ? Et quelle est la différence entre les deux ?
 
Réponse :
L’invasion idéologique (ghazw fikri) se réfère généralement à une situation de conflit actif. Le terme ghazw (invasion ou incursion) implique une lutte ouverte, un affrontement direct. En revanche, le mot colonialisme (isti‘mâr) est issu de la racine arabe ‘imâra (construction ou peuplement). Cependant, ce mot, dans le contexte moderne, a pris une connotation de destruction, bien qu’il soit utilisé pour décrire une réalité bien connue : celle de l’ingérence et de la domination.
 
Le colonialisme culturel, plus précisément, désigne l’arrivée des colonisateurs non musulmans dans les terres islamiques, où ils ont imposé leur autorité et diffusé leur culture. Le terme est utilisé parce que les adeptes de l’égarement et de la déviation ont monopolisé la diffusion de leur culture dans de nombreuses terres musulmanes.
 
Même après le départ des colonisateurs, leurs influences culturelles restent profondément enracinées. Par exemple, dans des pays comme l’Égypte, qui a subi deux colonisations successives (française, puis britannique), ou le Maroc, colonisé par la France, les traces du colonialisme sont encore visibles. Bien que les colons soient partis, leurs effets culturels et linguistiques perdurent.
 
Un exemple frappant est celui du Maroc, où, il y a une dizaine d’années, lors des célébrations de l’indépendance du pays, les affiches étaient en langue française. Les Marocains célébraient leur indépendance vis-à-vis de la France, mais les messages de célébration étaient rédigés dans la langue de l’ancien colonisateur. Cela illustre un colonialisme culturel, dans lequel les habitants eux-mêmes perpétuent les traces de la domination étrangère.
 
Cela se manifeste également dans des aspects religieux, comme le hijab, qui a été déformé dans de nombreux pays musulmans colonisés. Ces pays ont reçu une conception altérée du hijab, influencée par les colonisateurs, au point que certaines femmes pensent respecter les enseignements islamiques tout en ayant une compréhension erronée. Par exemple, elles couvrent leurs cheveux mais dévoilent leurs jambes, portent des pantalons serrés ou des jupes courtes, tout en croyant respecter le hijab. Cette déformation est parfois renforcée par les colonisateurs eux-mêmes, car le hijab constitue un symbole de piété et un rempart contre la corruption morale.
 
Un récit illustre cette confusion : un érudit rapporta qu’en visitant un pays colonisé, il rencontra une femme qui dévoilait une partie de sa cuisse tout en jeûnant un lundi, pensant que le hijab était une simple tradition et non une obligation religieuse. Elle considérait sa piété dans le respect d’autres aspects de la religion, mais ignorait l’importance du hijab tel qu’il est prescrit.
 
Ce phénomène persiste dans de nombreux pays musulmans, où les enseignements religieux liés au hijab, par exemple, ont été transmis de manière déformée par le colonialisme culturel. Ainsi, on voit des femmes qui couvrent leurs cheveux mais portent des vêtements inappropriés, croyant suivre les préceptes de l’islam. Cela reflète une compréhension altérée des textes religieux, influencée par l’histoire coloniale.
 
En résumé :
L’invasion idéologique se concentre sur une lutte active et directe pour imposer des idées étrangères.
Le colonialisme culturel, en revanche, représente une influence durable et subtile, qui persiste même après le départ des colonisateurs, affectant les traditions, la langue et les pratiques religieuses des populations concernées.sk