Déterminer si un pays est une terre d’Islam ou une terre de mécréance-cheikh Abd el aziz tarifi
Introduction
L’une des questions importantes dans les discussions sur la classification des pays est celle de savoir quand un pays peut être considéré comme une terre d’Islam (Dâr al-Islâm) ou une terre de mécréance (Dâr al-Kufr). Ce sujet est particulièrement pertinent à notre époque, où de nombreux facteurs de mécréance se sont répandus parmi ceux qui s’identifient comme musulmans, malgré la présence de populations majoritairement musulmanes.
Il peut arriver que le dirigeant d’un pays soit musulman tandis que la population tombe dans l’apostasie. Cette situation soulève une question importante : la classification d’un pays repose-t-elle sur la foi de son gouvernant ou sur celle de sa population ?
Les Positions des Savants sur la Classification des Terres
Les savants ont divergé sur cette question et ont émis plusieurs avis :
1. La classification repose sur la population
Certains savants soutiennent que la classification d’un pays en tant que terre d’Islam ou de mécréance dépend de la situation de sa population, et non de celle de ses dirigeants. Ils avancent les arguments suivants :
• Si les signes extérieurs de l’Islam sont manifestes parmi la population, comme :
• L’appel à la prière (adhan),
• L’établissement de la prière (salât),
• L’application de l’ordre du bien et l’interdiction du mal(amr bil ma’rûf wa nahy ‘an al-munkar),
• La destruction des idoles,
• L’absence de propagande pour le polythéisme (shirk) ou la mécréance (kufr),
alors ce pays est considéré comme une terre d’Islam, même si le dirigeant est apostat.
Cependant, il convient de distinguer deux types d’apostasie du dirigeant :
1. Une apostasie manifeste et grave, où le dirigeant adopte ouvertement une autre religion (comme le christianisme ou le judaïsme). Dans ce cas, le pays ne peut pas être qualifié de terre d’Islam, car il est inconcevable que la domination de l’Islam soit apparente alors que le dirigeant est ouvertement mécréant.
2. Une apostasie mineure, où le dirigeant commet des actes invalidant sa foi tout en prétendant appartenir à l’Islam. Dans ce cas, la classification du pays dépend de la situation de sa population.
2. La classification repose sur les dirigeants
D’autres savants affirment que la classification d’un pays dépend des croyances de ses gouvernants. Selon eux :
• Si les dirigeants sont mécréants, le pays est une terre de guerre(Dâr al-Harb) ou une terre de mécréance(Dâr al-Kufr), même si la population est majoritairement musulmane.
• Si les dirigeants sont musulmans, le pays est une terre d’Islam(Dâr al-Islâm), même si des éléments de mécréance sont visibles dans la société.
L’Opinion Prépondérante
L’avis qui semble le plus juste, et Allah est plus savant, est le premier avis : la classification d’un pays repose sur la situation de sa population. Cet avis a été soutenu par un groupe de savants, et il apparaît dans les paroles de Cheikh al-Islam Ibn Taymiyya. De nombreux juristes, notamment ceux de l’école hanafite comme Abu Hanifa et d’autres, ont également adopté cet avis.
Cependant, il convient de reconnaître que l’avis reliant la classification au gouvernant a également des arguments valables et mérite d’être considéré.
En résumé, la question de savoir si un pays est une terre d’Islam ou de mécréance est complexe et dépend de plusieurs critères. Les savants ont émis des avis divergents, chacun reposant sur des preuves et des interprétations. Toutefois, l’avis dominant parmi les savants classiques est que la classification d’un pays est davantage liée aux pratiques et aux signes apparents de l’Islam au sein de la population qu’à la foi de ses dirigeants.
Qu’Allah nous accorde la compréhension correcte de Sa religion et nous guide vers ce qui Lui plaît.
Source conference : L’Obligation de Suivre وجوب الاتباع