Explication :
En résumé, la personne évanouie est assimilée à un dormeur ; aucune obligation ne tombe, et elle doit rattraper toutes les obligations, telles que la prière ou le jeûne, que le dormeur est tenu de rattraper. Cependant, il existe des divergences entre les écoles juridiques :
• L’avis de Mâlik et Ash-Shâfi‘î : Celui qui perd conscience n’est tenu de rattraper ses prières que s’il reprend conscience pendant un moment du temps prescrit pour la prière. En s’appuyant sur le hadith où Aïcha demanda au Prophète (paix et bénédictions d’Allah sur lui) au sujet d’un homme évanoui qui manque ses prières. Le Prophète répondit : « Il n’a rien à rattraper, sauf s’il reprend conscience durant le temps prescrit, alors il prie. »
• L’avis d’Abû Hanîfa : Si la personne s’évanouit pendant un temps équivalent à cinq prières ou moins, elle les rattrape. Si l’évanouissement dépasse ce laps de temps, aucune prière n’est à rattraper, car cela est assimilé à la répétition d’un acte où la contrainte devient excessive, comme dans le cas de la folie.
• L’avis des Hanbalites : Ils se basent sur le récit selon lequel ‘Ammâr perdit conscience pendant trois jours, et à son réveil, il demanda de l’eau pour faire ses ablutions et pria toutes les prières manquées durant la nuit. Abû Mujlaz rapporta également que Samura ibn Jundub disait que l’évanoui peut rattraper ses prières une à une avec chaque prière en cours, ou bien toutes d’un coup. Ahmad Ibn Hanbal et les anciens ont considéré ces récits comme des preuves.
Raisonnement et consensus :
Les Hanbalites considèrent que l’évanouissement n’annule pas l’obligation du jeûne ni les droits légaux concernant la personne évanouie (comme la tutelle). Il est donc assimilé au sommeil, contrairement à la folie, qui est d’une nature différente car elle suspend la responsabilité légale et dure souvent longtemps. Ainsi, l’évanouissement ne fait pas tomber l’obligation de rattraper les prières.
Réfutation du hadith utilisé par Mâlik et Ash-Shâfi‘î :
Le hadith mentionné dans leur argumentation est jugé faible (da‘îf) selon plusieurs érudits. Al-Bukhârî et Ibn Al-Mubârak ont critiqué sa chaîne de transmission en raison de la présence de narrateurs considérés comme faibles. Par ailleurs, l’évanouissement ne peut être assimilé à la folie, car il n’annule ni le jeûne, ni la responsabilité légale.
Ainsi, les Hanbalites concluent que l’évanouissement ne fait tomber aucune obligation, que ce soit pour cinq prières ou plus.