On a demandé à l’imam Ahmad – qu’Allah lui fasse miséricorde – : « Devons-nous apprendre de Abû Kuraib (Muhammad ibn al-‘Alâ’ ibn Kuraib al-Hamdani) ? »
Il répondit : « Apprenez de lui, il est digne de confiance. »
On lui dit : « Mais il parle mal de vous ! »
Il répondit alors : « Que puis-je faire ? C’est un homme pieux qui a été éprouvé par moi. »
C’est ainsi que l’imam Ahmad, le chef de file des sunnites, a réagi. On disait de lui :
> « Ibn Hanbal est devenu une épreuve fiable, et par l’amour d’Ahmad on reconnaît le pieux. Si tu vois quelqu’un critiquer Ahmad, sache que ses couvertures seront déchirées. »
C’est cet Ahmad qui a résisté à la crise de la création du Coran (une hérésie selon le consensus des savants), comme Abou Bakr (qu’Allah soit satisfait de lui) a résisté à l’époque de l’apostasie, et Allah a préservé l’ordre de l’islam par eux. Pourtant, un homme bien moins connu, Abu Kuraib, parlait contre lui. Qui connaît Abu Kuraib en dehors de quelques étudiants en hadith et en sciences religieuses, comparé à l’imam Ahmad dont la renommée a atteint les deux extrémités du monde ? Les paroles de l’imam Ahmad sur le hadith et la jurisprudence étaient aussi solides qu’un clou dans le bois.
Malgré cela, Ahmad n’a pas considéré les critiques à son égard comme des critiques envers la sunna, contrairement à de nombreux nains de notre époque qui ne font pas la distinction entre eux-mêmes et la sunna. Ils pensent que quiconque les contredit contredit la sunna, et que quiconque les critique critique la sunna et n’y croit pas sincèrement.
Ils considèrent que ceux qui pointent leurs erreurs et dénoncent leurs calamités critiquent la sunna, et quiconque s’oppose à la sunna est un hypocrite et un déviant.
Cette maladie n’est surmontée que par les géants de la foi solide et de la piété ferme, qui reconnaissent qu’ils sont humains et qu’ils peuvent se tromper, ignorer certaines choses, et qu’ils n’ont pas une connaissance exhaustive.
Même s’ils brillent par leur réputation, ils reconnaissent que d’autres peuvent savoir ce qu’ils ignorent, et qu’un inférieur peut savoir ce qu’un supérieur ne sait pas.
Ils savent que leur opinion sur les branches de la religion, même si elle est correcte pour eux, peut être erronée, et que l’opinion d’autrui, même si elle est erronée, peut être correcte. Ils ne recourent pas à la diffamation dans les questions de pardon et d’effort d’interprétation.
Ce qui relève de l’effort d’interprétation ne doit pas être source de mal pour les gens. Ils distinguent entre les questions de sanctions nécessitant de rompre avec le déviant et les questions de branches et d’efforts d’interprétation, où le conseil et la réponse scientifique calme et ciblée suffisent, sans fouiller les intentions ou accuser l’autre de choses occultes.
Qu’Allah fasse miséricorde aux pieux prédécesseurs qui comprenaient la religion en actes et en paroles, qui se méprisaient eux-mêmes, et qui se concentraient sur la diffusion de la connaissance, même si cela venait de gens qui les critiquaient.
Parce qu’ils agissaient pour Allah, Allah a perpétué leur souvenir et a fait profiter de leurs paroles. Après des centaines d’années, alors qu’ils sont sous terre, leurs paroles restent fraîches et vivantes.
Ce qui est fait pour Allah demeure et perdure, et ce qui est fait pour autre chose que Lui se coupe et se sépare. Ne devrions-nous pas en tirer des leçons et considérer nos paroles comme nos actions, et nos positions comme des provisions pour notre séjour dans les tombes, où règnent la solitude, l’obscurité, la puanteur et la terreur – sauf pour ceux à qui Allah fait miséricorde ?
Qu’Allah nous fasse miséricorde, à vous et à nous, par Sa douceur, Son pardon, Sa générosité et Sa protection. Que les prières et les salutations d’Allah soient sur notre Prophète Muhammad, sa famille et tous ses compagnons.
Abu al-Hasan Mustafa ibn Ismail al-Sulaymani
7 Dhou al-Hijjah 1439 AH