NE VOUS ENVIEZ PAS, NE VOUS SURENCHÉRISSEZ PAS, NE VOUS HAÏSSEZ PAS CHEIKH ABDEL MOHSEN AL-ABBAD

L’imam An-Nawawi, qu’Allah lui fasse miséricorde, dit: D’après Abou Hourayra, qu’Allah soit satisfait de lui, le Prophète, paix et bénédictions d’Allah soient sur lui, a dit: « Ne vous enviez pas, ne vous surenchérissez pas les uns les autres, ne vous haïssez pas, ne vous tournez pas le dos et ne vendez pas sur la vente des autres. 

Soyez des serviteurs d’Allah comme des frères. Le musulman est le frère du musulman, il ne lui fait pas d’injustice, ne l’abandonne pas, ne lui ment pas et ne le méprise pas. La piété est ici (et il montra trois fois sa poitrine). Il suffit du mal d’une personne de mépriser son frère musulman. Tout le musulman est sacré pour le musulman: son sang, ses biens et son honneur. » (Rapporté par Mouslim).

C’est un hadith grandiose des hadiths du noble Prophète, paix et bénédictions d’Allah soient sur lui; il comprend plusieurs points : 

Premièrement, le Prophète, paix et bénédictions d’Allah soient sur lui, a dit: « Ne vous enviez pas », c’est une interdiction de l’envie. L’envie, c’est souhaiter que le bienfait d’autrui disparaisse, que l’on souhaite l’avoir ou non, cela reste une envie blâmable interdite par le Prophète, paix et bénédictions d’Allah soient sur lui.

Deuxièmement, « ne vous surenchérissez pas les uns les autres »: la surenchère, c’est augmenter le prix d’un bien sans intention de l’acheter. Cela a deux aspects : soit on veut aider le vendeur en augmentant l’argent qu’il reçoit, soit on veut nuire à l’acheteur en augmentant le prix pour le désavantager. C’est ce type de surenchère que le Prophète, paix et bénédictions d’Allah soient sur lui, a interdit.

Troisièmement, « ne vous haïssez pas », c’est-à-dire ne prenez pas les raisons qui mènent à la haine, à l’inimitié, à la division des cœurs et à l’éloignement entre musulmans. Au contraire, il faut prendre les raisons qui mènent à l’amour et à l’amitié, à ce qui apporte la concorde et l’harmonie, pour éviter les conflits, les disputes et les affrontements.

Quatrièmement, « ne vous tournez pas le dos », c’est-à-dire que chacun ne doit pas tourner le dos à l’autre, refuser de le rencontrer, de le saluer et de parler avec lui. Si on le rencontre, chacun ne doit pas tourner le dos à l’autre à cause de la rancœur et de la haine entre eux. Chacun doit chercher à se rapprocher et à s’entendre, et le meilleur est celui qui commence par le salut.

Cinquièmement, « ne vendez pas sur la vente des autres », c’est-à-dire qu’une personne vend une marchandise à une autre à un certain prix, avec une période d’option où elle peut maintenir ou annuler la vente. Alors, une autre personne vient voir l’acheteur et lui dit: « Laisse cette marchandise et annule cette vente, j’ai pour toi une marchandise similaire à un prix plus bas ». Par exemple, si tu as acheté cette marchandise pour cent riyals, je te la vends pour cinquante ou soixante riyals. Cela est interdit, car c’est vendre sur la vente de son frère musulman.

Puis le Prophète, paix et bénédictions d’Allah soient sur lui, a dit: « Soyez des serviteurs d’Allah comme des frères », c’est-à-dire que ces comportements interdits sont contraires à la fraternité. Les musulmans doivent être des frères unis et aimants, ne pas se jalouser ni se haïr, ni chercher à léser autrui en augmentant le prix d’un bien sans intention de l’acheter, ni se tourner le dos avec animosité et haine.

Ses paroles : « Le musulman est le frère du musulman, il ne lui fait pas d’injustice » signifient que, conformément à cette fraternité, il ne doit pas agir de manière injuste envers lui, sous quelque forme que ce soit. Dans le hadith Qudsi rapporté par Abou Dhar, il est dit : « Ô Mes serviteurs, J’ai interdit l’injustice à Moi-même et Je l’ai rendue interdite entre vous, alors ne soyez pas injustes les uns envers les autres ».

Ainsi, la fraternité implique qu’il n’y ait aucune injustice envers son frère. Il doit le préserver de toute injustice et lui témoigner justice et bienfaisance. Comme il est dit dans le hadith : « Soutiens ton frère, qu’il soit oppresseur ou opprimé ». Quelqu’un demanda : « Je comprends que je doive soutenir mon frère opprimé, mais comment dois-je le soutenir s’il est oppresseur ? » Le Prophète répondit : « En l’empêchant de commettre l’injustice ». Le musulman ne doit donc pas être injuste envers son frère musulman.

Ses paroles : « et ne l’abandonne pas » signifient qu’il ne doit pas cesser de lui porter secours s’il en est capable.

Le secourir lorsqu’il est opprimé consiste à l’aider contre son adversaire pour empêcher l’injustice contre lui. Si c’est lui l’oppresseur, le secourir consiste à l’empêcher de commettre l’injustice et à se tenir entre lui et l’injustice, car en faisant cela, on fait du bien à l’opprimé en le sauvant de l’injustice de l’oppresseur, et on fait du bien à l’oppresseur en l’empêchant de commettre l’injustice. Ainsi, il est sauvé de l’injustice, qui est grave et terrible aux yeux d’Allah.

Ses paroles : « il ne lui fait pas d’injustice, ne l’abandonne pas, ne lui ment pas » signifient qu’il ne doit pas lui mentir lorsqu’il lui raconte quelque chose, mais plutôt lui dire la vérité.

Ses paroles : « et ne le méprise pas » relèvent de l’orgueil et de l’arrogance, qui conduisent au mépris.