Le jugement sur celui qui commet un grand péché -Explication de l'introduction de la lettre d'Ibn Abî Zayd - Cheikh Abdul Aziz Al-Tarifi

L’auteur, qu’Allah lui fasse miséricorde, a dit : « Et personne parmi les gens de la Qibla (les musulmans) n’est mécréant à cause d’un péché. »

Les péchés ont différents degrés : il y a ceux pour lesquels Allah, le Tout-Puissant, a décrété que celui qui les commet est mécréant, comme l’association (le shirk), qui est aussi un péché, mais le terme communément utilisé pour désigner ce péché est « association » (shirk), tandis que les autres actes de désobéissance sont appelés « péchés ». Ainsi, personne ne devient mécréant à cause d’un péché, sauf s’il s’agit d’association avec Allah, le Très-Haut, car Allah a interdit à l’associateur d’entrer au Paradis. Allah ne pardonne pas l’association, sauf si la personne se repent : « Certes, Allah ne pardonne pas qu’on Lui associe quoi que ce soit. À part cela, Il pardonne à qui Il veut. » [Sourate An-Nisa : 48].

Quant aux kharijites, ils disent que celui qui commet un grand péché parmi les péchés capitaux est sorti de la religion de l’Islam. Ils considèrent que celui qui fait ce qui est interdit doit nécessairement détester l’interdiction, et que celui qui abandonne une obligation doit nécessairement détester cette obligation.

Cependant, cela n’est pas forcément vrai. En effet, il se peut qu’une personne commette un acte interdit par passion tout en reconnaissant que cet acte est interdit, comme celui qui commet la fornication, vole ou tue.

Si on lui demande son avis sur ces actes, il répondra qu’ils sont interdits. Cet individu est musulman, aimé pour sa foi et détesté pour sa désobéissance. Il ne perd pas pour autant sa foi ni son amour pour le Messager d’Allah (paix et bénédictions sur lui).

C’est pourquoi le Prophète (paix et bénédictions sur lui), lorsqu’il fut informé d’un homme qui buvait de l’alcool à plusieurs reprises, et qu’un des compagnons le maudit, dit : « Ne le maudis pas, car il aime Allah et Son Messager. » Cet homme, bien qu’ayant commis un grand péché, buvait ce que l’on appelle « la mère de toutes les abominations ». Cela montre que les péchés ne retirent pas la foi, contrairement à ce que disent les kharijites, et contrairement aux mu’tazilites qui ne considèrent pas l’individu comme mécréant ni comme croyant, mais comme étant entre les deux.

Nous disons que l’individu reste musulman par son islam, désobéissant et pervers par son grand péché, et il est menacé de châtiment. Allah peut lui pardonner ou le punir, selon Sa volonté.