Interprétation du verset : « En vérité, Allah ne pardonne pas qu'on Lui associe quelque chose. » par Cheikh Moustafa Al-Adawi

Allah dit : « En vérité, Allah ne pardonne pas qu’on Lui associe quelque chose, mais Il pardonne ce qui est en deçà de cela à qui Il veut. » (Sourate An-Nisa, verset 48). Ce verset fait partie des textes clairs et non abrogés. Allah dit dans un hadith Qudsi : « Ô fils d’Adam ! Si tu venais à Moi avec une terre pleine de péchés, mais sans M’associer quoi que ce soit, Je te pardonnerais tout cela sans tenir compte. » Ou comme cela est rapporté dans le hadith Qudsi.

Ce verset est donc parmi les versets clairs. Il est semblable au hadith du Prophète (paix et salut sur lui) : « Quiconque dit « La ilaha illa Allah » entrera au paradis. » Abou Dhar dit : « Même s’il a commis l’adultère ou volé, ô Messager d’Allah ? » Le Prophète répondit : « Même s’il a commis l’adultère ou volé. » Abou Dhar répéta : « Même s’il a commis l’adultère ou volé, ô Messager d’Allah ? » Le Prophète répondit de nouveau : « Même s’il a commis l’adultère ou volé, à contre-cœur d’Abou Dhar. »

Ce verset réfute les croyances de nombreuses sectes ayant innové dans l’islam, telles que les Khawarij qui déclarent mécréants ceux qui commettent des péchés, ou les Mu’tazilites, ainsi que d’autres sectes.

Ainsi, toute personne qui meurt en état de shirk (association) ne sera pas pardonnée. Cependant, si une personne a pratiqué le shirk mais s’est repentie avant sa mort, Allah accepte la repentance de Ses serviteurs et pardonne leurs péchés. Les compagnons du Prophète (paix et salut sur lui) étaient, avant d’être guidés, des polythéistes, mais ils se sont repentis, ont embrassé l’islam, et Allah leur a pardonné. Ce verset constitue un principe fondamental des croyances des gens de la Sunna et de la communauté (Ahl al-Sunna wal-Jama’a), selon lequel il n’est pas nécessaire que celui qui a commis un grand péché soit automatiquement puni s’il ne s’est pas repenti. Ainsi, si une personne commet un grand péché, tel que le vol, l’adultère, le meurtre ou la consommation d’alcool, et ne s’en repent pas, elle ne sera pas nécessairement punie. Son sort est entre les mains d’Allah : s’Il le souhaite, Il le punira, et s’Il le souhaite, Il lui pardonnera. Cela contredit la croyance des Mu’tazilites qui affirment que la repentance est obligatoire pour échapper au châtiment.

Un autre exemple est le hadith du Prophète (paix et salut sur lui) rapporté par Al-Boukhari et Muslim, d’après ‘Ubada ibn al-Samit (qu’Allah soit satisfait de lui), où le Prophète dit : « Engagez-vous envers moi à ne rien associer à Allah, à ne pas voler, à ne pas commettre d’adultère, à ne pas tuer vos enfants, à ne pas produire de fausses accusations, et à ne pas désobéir dans ce qui est bien. Quiconque accomplit cela, sa récompense est auprès d’Allah. Quiconque commet un de ces péchés et est puni ici-bas, cela constituera une expiation pour lui. Quiconque commet un de ces péchés et Allah le cache, son sort est entre les mains d’Allah : s’Il le souhaite, Il le punira, et s’Il le souhaite, Il lui pardonnera. »

Ce verset réfute également l’opinion de certains savants qui affirment que le meurtrier doit forcément être puni. Certains se basent sur le verset : « Et quiconque tue intentionnellement un croyant, sa rétribution sera l’Enfer, où il demeurera éternellement. Allah s’est courroucé contre lui, l’a maudit et lui a préparé un énorme châtiment. » (Sourate An-Nisa, verset 93).

Ils soutiennent que ce verset de la Sourate An-Nisa a été révélé après le verset de la Sourate Al-Furqan, où Allah dit : « Ceux qui n’invoquent pas d’autre dieu avec Allah, et ne tuent pas la vie qu’Allah a rendue sacrée, sauf en droit, et ne commettent pas d’adultère. Quiconque fait cela encourra une punition, et le châtiment lui sera doublé le Jour de la Résurrection, et il y demeurera éternellement, humilié. Sauf ceux qui se repentent. » (Sourate Al-Furqan, versets 68-70). Ibn Abbas (qu’Allah soit satisfait de lui) est d’avis qu’il n’y a pas de repentance pour celui qui tue une âme. Cette opinion diffère de celle de la majorité des compagnons du Prophète (paix et salut sur lui).

Ainsi, le verset « En vérité, Allah ne pardonne pas qu’on Lui associe quelque chose » (Sourate An-Nisa, verset 48) signifie que si une personne meurt en état de shirk, ce péché ne sera pas pardonné, comme Allah l’a dit dans le hadith Qudsi : « Celui qui accomplit une action en M’associant à quelqu’un d’autre, Je le laisserai avec celui qu’il a associé à Moi. »

Le verset « mais Il pardonne ce qui est en deçà de cela » (Sourate An-Nisa, verset 48) utilise le terme « don » qui peut signifier « moins » ou « autre ». Dans ce contexte, cela signifie « moins que cela », c’est-à-dire tout péché autre que le shirk peut être pardonné par Allah, s’Il le veut, ou Il peut punir celui qui l’a commis.

Allah dit aussi : « Et quiconque associe quelque chose à Allah, a certainement inventé un énorme péché. » (Sourate An-Nisa, verset 48), ce qui signifie qu’il a commis un péché gravissime.

Le terme « péché » peut parfois désigner un petit péché, et parfois un grand péché, comme dans le verset : « Et quiconque le cache, son cœur est pécheur. » (Sourate Al-Baqara, verset 283), ou il peut aussi désigner le shirk, comme dans ce verset : « Et quiconque associe quelque chose à Allah, a certainement inventé un énorme péché. » (Sourate An-Nisa, verset 48)